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Regard croisé sur la citadelle de Belle-Île : archéologie, plans et textes

La citadelle de Belle-Île est un archétype de fortification littorale construit par l’État moderne, marquée par Vauban. Néanmoins, le maréchal intervient sur un site fortifié de longue date, résultat de la mise en défense progressive des frontières maritimes. On y observe notamment l’introduction du canon et du système bastionné. Cette stratigraphie connue par les textes et les plans révèle trois temps. Le premier acte, particulièrement mal connu, s’attache au château des moines de l’abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé (tournant des XIVe-XVe siècles). Le second cycle fondamental s’inscrit entre 1559 et 1661 avec l’introduction du bastionnage menée respectivement par le gouverneur de Bretagne François de Rohan, par les Gondi, marquis de Belle-Île entre 1572 et 1658, puis Fouquet (1658-1661). Ils aménagent tous le site selon une feuille de mission de l’État. Le troisième moment inaugure l’accaparement définitif de la citadelle par le roi et l’arrivée de Vauban. Doté de moyens limités et confronté à des conceptions antérieures, le maréchal s’attache essentiellement à rationaliser le tracé et les flanquements des enceintes. Néanmoins, le maintien et l’exploitation de ces lignes fortes laissent dans l’ombre défenses et volumes intérieurs. Le diagnostic archéologique de 2022 visait donc à mettre en évidence, à dater et à caractériser l’ensemble des vestiges conservés dans l’emprise du projet de réhabilitation de l’espace hôtelier. Des sondages, restreints mais concentrés dans le secteur du logis et du bastion du Gouverneur, ont mis au jour des éléments significatifs des aménagements anciens. En dépit du peu de vestiges et de mobilier datant, dans une stratigraphie restreinte, il est apparu intéressant de croiser les lectures des élévations, des plans et des textes. Cette approche autorise une interprétation et une chronologie plus précise de ces cycles. Des concordances et des discordances apparaissent alors, donnant un nouvel éclairage à la compréhension du site.

A Cross-Perspective on the Citadel of Belle-Île: Archaeology, Maps, and Textual Sources – The citadel of Belle-Île stands as an archetype of early modern coastal fortification, deeply shaped by the interventions of Vauban. Yet the Marshal worked on a site that had long been fortified—a product of the progressive militarization of maritime borders. The site reflects key defensive innovations, notably the introduction of artillery and the bastioned system. The stratigraphy, as revealed through textual sources and historical maps, suggests three major construction phases. The first phase, still poorly understood, concerns the castle built by the monks of the Sainte-Croix de Quimperlé Abbey at the turn of the 14th and 15th centuries. The second foundational cycle spans from 1559 to 1661 and marks the advent of bastioned fortification. It was initiated by the governor of Brittany, François de Rohan, and then continued by the Gondi family, marquises of Belle-Île between 1572 and 1658, followed by Nicolas Fouquet (1658–1661). Each of them reworked the site following directives from the central state. The third phase begins with the citadel’s definitive absorption into the royal domain and the arrival of Vauban. With limited resources and confronted by existing designs, the Marshal focused primarily on rationalizing the layout and flanking systems of the walls. However, the persistence and reuse of these strong structural lines left the internal defenses and volumes largely untouched and under-documented. The 2022 archaeological assessment aimed to identify, date, and characterize the preserved remains within the footprint of the planned hotel redevelopment project. Though limited in scope, the test trenches—focused on the Governor’s residence and bastion—uncovered significant elements of earlier construction phases. Despite the scarcity of stratified remains and datable artifacts, the combined analysis of elevations, historical plans, and written records proved fruitful. This interdisciplinary approach enabled a more precise chronological interpretation of the construction cycles, highlighting both convergences and discrepancies, and ultimately offering a renewed understanding of the site’s architectural evolution.



Pour citer cette communication orale :
MARIS-ROY, Olivier. (2022). Regard croisé sur la citadelle de Belle-Île : archéologie, plans et textes [communication]. Dans M. Bouiron, C. Carpentier, L. Faivre d’Arcier, S. Gaime, M. Goy & A. Pariente (dir.), Études documentaires et études d’archives en archéologie préventive : actes du 6e séminaire scientifique et technique de l’Inrap, 3-4 nov. 2022, Lyon. <https://doi.org/10.34692/37fm-cn31>.


Olivier Maris-RoyInrap


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Inrap (27 janvier 2023). Regard croisé sur la citadelle de Belle-Île : archéologie, plans et textes. Rencontres scientifiques et techniques de l'Inrap. Consulté le 17 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/uk1p


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