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Les fosses profondes de Normandie

La Normandie est une région côtière de la Manche. Elle est partagée entre sa partie occidentale occupée par l’extrémité du Massif armoricain et une large partie sédimentaire. Elle se caractérise par des environnements très peu boisés. L’occupation des sols est dominée par l’élevage dans la partie occidentale et les cultures dans la partie orientale de la région. Les aménagements générant des fouilles archéologiques se concentrent autour des quatre métropoles régionales (Rouen, Caen, Le Havre et Cherbourg) ainsi que sur la frange littorale. Si les premières découvertes identifiées comme telles de Schlitzgruben remontent au début des années 90, l’essor de la recherche se situe dans les années 2008-2015. Les fouilles dédiées à ces fosses et la mise en évidence des vastes systèmes sont quant à eux le fait des années 2015-2023 et, début 2024, plusieurs grands sites étaient prescrits et en attente de fouille. Les fosses profondes (type 1 à 5) sont toujours moins fréquentes que les Schlitzgruben (83 contre 238) mais on note surtout un gros déséquilibre en ce qui concerne le nombre de sites. Les fosses profondes de type 1 à 5 sont pour la plupart rassemblées en systèmes sur quelques sites très bien fournis (Arnières-sur-Iton, Sannerville) alors que les Schlitzgruben sont plus souvent découverts isolés sur l’ensemble de la région. Le spectre chronologique extrait des datations cumulées obtenues en Normandie est globalement équivalent à celui de l’ensemble des données au niveau national. On note dans la séquence normande des trous qui restent à combler ou à compléter, en particulier le Premier Mésolithique ainsi que les VIe et IIIe millénaire. Le mobilier offre quelques opportunités d’étude intéressantes, avec des ensembles assez spécifiques. En ce qui concerne le mobilier lithique, les séries de Ronai/La Hoguette et Arnières-sur-Iton livrent des assemblages qui témoigneraient d’un usage très différent du cadre domestique, interprétés comme liés à des usages cynégétiques. La faune est faiblement représentée. En dehors de deux animaux piégés et non récupérés, le mobilier est représenté par des morceaux choisis d’espèces sauvages abandonnés dans les remplissages, témoignant vraisemblablement de pratiques volontaires. Une seule analyse malacologique a été réalisée sur le site de Giberville. Elle permet de reconstituer partiellement l’environnement des fosses profondes du site et également de confirmer les attributions chronologiques obtenues sur les datations radiocarbones.

The deep pits of Normandy – Normandy is a coastal region on the English Channel. Its western part is occupied by the Armorican Massif and a large part of the sedimentary rock. The region is characterised by its sparse woodland. Land use is dominated by livestock farming in the western part and agriculture in the eastern part of the region. The developments that have led to archaeological excavations are concentrated in the four major regional cities (Rouen, Caen, Le Havre and Cherbourg) and the coastal areas. While the first identified discoveries of Schlitzgruben date back to the early 1990s, the research boom took place between 2008 and 2015. Excavations dedicated to these pits and the identification of the extensive systems were carried out between 2015 and 2023, and by early 2024 several large sites had been prescribed and were awaiting excavation. Deep pits (type 1 to 5) are still rarer than Schlitzgruben (83 compared to 238), but there is a large imbalance in the number of sites. The deep pits of types 1 to 5 are mostly grouped together in systems at some very well-supplied sites (Arnières-sur-Iton, Sannerville), while the Schlitzgruben are more frequently found isolated in the region. The chronological spectrum resulting from the cumulative data obtained in Normandy corresponds broadly to that of the national dataset. There are some gaps in Normandy that still need to be filled or completed, particularly in the early Mesolithic and the 6th and 3rd millennia. The artefacts offer some interesting possibilities for investigation, with very specific assemblages. As far as the Lithic period is concerned, the Ronai/La Hoguette and Arnières-sur-Iton series have yielded artefacts that are thought to have been used for purposes other than domestic use and are interpreted as being linked to hunting. The fauna is only sparsely represented. Apart from two captured animals that were not recovered, the furniture consists of selected pieces of wild animals left in the mounds, probably as a result of deliberate practises. A single malacological analysis was carried out at the Giberville site. It has allowed us to partially reconstruct the environment of the site’s deep pits and also to confirm the chronological assignments derived from radiocarbon dating.


Pour citer cet article :
GHESQUIÈRE, Emmanuel & AUBRY, Bruno. (2025). Les fosses profondes de Normandie. Dans V. Riquier (dir.), Les systèmes de fosses profondes à la Pré- et Protohistoire en France : Bilan du projet de cartographie nationale, 2-3 févr. 2023, Saint-Germain-en-Laye. Inrap. <https://doi.org/10.34692/j2ts-5c15>.


Emmanuel Ghesquière, Bruno AubryInrap


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Inrap (22 mai 2025). Les fosses profondes de Normandie. Rencontres scientifiques et techniques de l'Inrap. Consulté le 15 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13zul


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